Louis-Denis Ebacher
Le Droit
Un policier de la GRC accusé d’avoir torturé son fils de 11 ans a expliqué mercredi qu’il avait brûlé le pénis de son enfant avec un briquet parce que ce dernier «avait des pensées sexuelles impures».
Une autre sombre journée a marqué le procès de l’homme de 44 ans, au passé trouble et aux accusations sérieuses.
La Couronne lui reproche d’avoir infligé des voies de fait graves sur son fils, qu’il aurait séquestré, affamé et parfois menotté pendant un calvaire d’au moins six mois. À 11 ans, il pesait 23 kg (50 livres). C’est à ce moment que la police d’Ottawa a parlé au jeune, au père et à la conjointe de ce dernier. La femme est accusée d’avoir fermé les yeux sur cette affaire, se rendant complice de séquestration.
La Couronne a poursuivi son contre-interrogatoire en insistant sur la douche froide que le père aurait fait subir à son fils. Il aurait voulu le punir d’avoir enlacé et caressé une jeune fille. «À ce moment, a dit le père, il me semblait que c’était mon seul choix, je ne sais pas pourquoi.»
L’avocat de la défense, Robert Carew, tentera de faire déclarer son client non criminellement responsable.
Le père a expliqué qu’il voulait «retourner à la base», puisque dans son pays d’origine, le Liban, il n’y avait pas toujours d’eau courante, et que dans sa jeune et difficile vie, il s’agissait «d’un extra».
«[Mon fils] passait son temps à faire couler l’eau chaude pour rien», a-t-il raconté.
Peu de temps après, le père a demandé à son frère, un chrétien pratiquant, de mener un exorcisme sur son fils. Le frère aurait dit au suspect de se calmer. Les versions sur l’existence réelle de cet exorcisme sont contradictoires. La jeune victime a soutenu dans son témoignage que c’était bien le cas.
Selon la Couronne, le père a au moins fait mettre son fils à genou pour réciter une prière, dans l’espoir d’expier ses péchés et de le laver de ses «pensées impures».
Le suspect, qu’on ne peut nommer en vertu d’une ordonnance de non-publication, a affirmé qu’il aimait son fils.
Au début de la semaine, le père a dit qu’il voyait à l’époque son fils comme un ennemi en qui le démon vivait. Selon le père, le comportement erratique du jeune en société, en famille et à l’école l’a poussé au bout du rouleau.
«Je n’ai pas de sentiment de vengeance envers (mon fils)», a dit le père.
Son témoignage bifurque parfois sur ses difficultés personnelles, dont une agression sexuelle qu’il a subie dans sa jeunesse, et la guerre dans son pays d’origine.
Le procès se poursuit cette semaine.