L'Enfant martyr de Kanata avait «un démon en lui», raconte son père

Louis-Denis Ebacher
Le Droit

 
Un policier de la GRC accusé d’avoir torturé son fils de 11 ans en 2013, à Ottawa, a dit avoir craint que l’enfant le tue et viole sa femme. L’homme de 44 ans a raconté mardi qu’il avait l’impression de vivre avec «un démon».
Cette douloureuse histoire rappelant celle d’Aurore l’enfant martyre s’est déroulée dans le secteur Kanata il y a trois ans.
 
Au début du procès, l’an dernier, la victime alléguée avait décrit de nombreux sévices, allant de la privation de nourriture aux coups de poing, en passant par l’enchaînement dans le sous-sol. L’enfant avait raconté avoir été forcé de faire ses besoins dans un seau et de nettoyer le plancher avec une brosse à dents.
 
Lundi, le père a commencé son témoignage pour sa propre défense dans le cadre de son procès au palais de justice d’Ottawa.
D’origine libanaise, il a raconté comment il avait vécu la guerre et même une agression sexuelle. Au Canada, il est devenu membre de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) affecté aux dossiers de terrorisme. Son avocat Robert Carew lui a fait dire à plusieurs reprises qu’un médecin avait diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique. Me Carew a déjà évoqué une défense de non-responsabilité criminelle.
 
Mardi, le père a affirmé que son fils le rejetait depuis qu’il devait habiter avec lui, après le décès de la mère de l’enfant, qui résidait à Montréal. «Peu importe ce que je faisais, ce n’était pas assez, a raconté l’adulte. Dès que je disais non, c’était la crise.»
 
Le père a décrit son enfant comme étant difficile et désobéissant, se comportant comme un voyou. Il dit être tombé «en guerre» contre son propre fils. «Il faisait des mauvais coups, il volait et mentait, et continuait toujours… Comme un joueur de football qui vient d’en plaquer un autre et qui se relève pour recommencer.»
 
L’enfant famélique a été retrouvé par les autorités en février 2013. Il pesait alors 23 kg (50 livres).
 
L’an dernier, la victime alléguée avait confié avoir été brûlée aux parties génitales, battue et séquestrée pendant au moins six mois, en plus d’être attachée dans le sous-sol. Il avait aussi dit qu’il ne mangeait pas à sa faim et que son père le faisait vivre un calvaire.
 
«Non, ce n’est pas vrai, a dit le père à propos des allégations de séquestration de six mois. Il est allé jouer au hockey dehors, même un voisin l’a vu.» Le père a rapporté que son fils créait constamment des problèmes, qu’il inventait des histoires en série. «On réglait un problème, et trois autres étaient créés. Il déféquait sur le sol.»
 
Au début du procès, l’enfant a parlé des menottes, d’un bâton de bois qui lui a laissé des marques sur le dos, et d’un briquet à barbecue. «Il le faisait chauffer, puis me le collait à la peau», avait-il confié.
 
En après-midi, le père a concédé avoir frappé l’enfant et même l’avoir attaché avec des menottes pour qu’il cesse de bouger et de lui causer des ennuis. «Je me disais qu’un bon soir, il viendrait me poignarder pendant mon sommeil. […] Il avait un démon en lui. C’était devenu mon ennemi.»

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